A l'emporte plume
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Brassens

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Message  Scorp Mer 21 Jan - 23:54

Ops, un de mes auteurs de texte favoris ^^

En voilà déjà une, je reviendrai sans doutes :p

La princesse et le croque-notes

Jadis, au lieu du jardin que voici,
C'était la zone et tout ce qui s'ensuit :
Des masures des taudis insolites,
Des ruines pas romaines pour un sou,
Quant à la faune habitant la dessous ;
C'était la fine fleur c'était l'élite.

La fine fleur, l'élite du pavé :
Des besogneux, des gueux, des réprouvés.
Des mendiants rivalisant de tares,
Des chevaux de retour, des propres à rien,
Ainsi qu'un croque-note : un musicien ;
Une épave accrochée à sa guitare.

Adoptée par ce beau monde attendri,
Une petite fée avait fleuri
Au milieu de toute cette bassesse.
Comme on l'avait trouvée près du ruisseau,
Abandonnée en un somptueux berceau,
A tout hasard on l'appelait "princesse".

Or, un soir, - Dieu du ciel, protégez nous! -
La voila qui monte sur les genoux
Du croque-note et doucement soupire,
En rougissant quand même un petit peu :
"C'est toi que j'aime et si tu veux tu peux
M'embrasser sur la bouche et même pire ..."

"- Tout beau, princesse arrête un peu ton tir,
J'ai pas tellement l'étoffe du satyre.
Tu a treize ans, j'en ai trente qui sonnent.
Grosse différence et je ne suis pas chaud
Pour tâter d'la paille humide du cachot...
- Mais croque-not', J'dirais rien à personne... "

- N'insiste pas, fit-il d'un ton railleur,
D'abord tu n'es pas mon genre et d'ailleurs
Mon cœur est déjà pris par une grande ..."
Alors princesse est partie en courant.
Alors princesse est partie en pleurant.
Chagrine qu'on ait boudé son offrande.

Y a pas eu détournement de mineure,
Le croque-note au matin, de bonne heure,
A l'anglaise a filé dans la charrette
Des chiffonniers en grattant sa guitare.
Passant par là quelques vingt ans plus tard,
Il a le sentiment qu'il le regrette.
Scorp
Scorp
Parnassien

Messages : 173
Date d'inscription : 29/09/2008

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Brassens Empty Re: Brassens

Message  Piiwhy Jeu 22 Jan - 14:16

Pareil, le prince des poètes ! c'est lui le meilleur y a pas à dire !
Jolie chanson, je ne la connaissais pas. Pas ma préférée cependant.
J'aime mieux :

Le Grand Pan

Du temps que régnait le Grand Pan,
Les Dieux protégeaient les ivrognes,
Un tas de génies titubants
Au nez rouge à la rouge trogne.
Dès qu'un homme vidait les cruchons,
Qu'un sac à vin faisait carousse
Ils venaient en bande à ses trousses
Compter les bouchons.
La plus humble piquette était alors bénie,
Distillée par Noé, Silène et compagnie.
Le vin donnait un lustre au pire des minus
Et le moindre pochard avait tout de Bacchus.
Mais se touchant le crâne en criant j'ai trouvé,
La bande au Professeur Nimbus est arrivée
Qui s'est mise à frapper les cieux d'alignement,
Chasser les Dieux du firmament.
Aujourd'hui ça et là, les gens boivent encore
Et le feu du nectar fait toujours luire les trognes
Mais les Dieux ne répondent plus pour les ivrognes
Bacchus est alcoolique et le Grand Pan est mort.

Quand deux imbéciles heureux
S'amusaient à des bagatelles,
Un tas de génies amoureux
Venaient leur tenir la chandelle.
Du fin fond des Champs-Elysées,
Dès qu'ils entendaient un " Je t'aime",
Ils accouraient à l'instant même
Compter les baisers.
La plus humble amourette était alors bénie,
Sacrée par Aphrodite, Eros et compagnie.
L'amour donnait un lustre au pire des minus
Et la moindre amoureuse avait tout de Vénus.
Mais se touchant le crâne en criant j'ai trouvé,
La bande au Professeur Nimbus est arrivée
Qui s'est mise à frapper les cieux d'alignement,
Chasser les Dieux du firmament.
Aujourd'hui ça et là, les gens s'aiment encore
Et la règle du jeu de l'amour est la même,
Mais les dieux ne répondent plus de ceux qui s'aiment
Vénus s'est faite femme, et le Grand Pan est mort.

Et quand fatale sonnait l'heure
De prendre linceul pour costume,
Un tas de génies l'œil en pleurs
Vous offraient les honneurs posthumes.
Pour aller au céleste empire,
Dans leur barque ils venaient vous prendre,
C'était presque un plaisir de rendre
Le dernier soupir.
La plus humble dépouille était alors bénie,
Embarquée par Charon, Pluton et compagnie.
Au pire des minus l'âme était accordée
Et la moindre mortel avait l'éternité.
Mais se touchant le crâne en criant j'ai trouvé,
La bande au Professeur Nimbus est arrivée
Qui s'est mise à frapper les cieux d'alignement,
Chasser les Dieux du firmament.
Aujourd'hui ça et là, les gens passent encore,
Mais la tombe est hélas la dernière demeure
Et les Dieux ne répondent plus de ceux qui meurent,
La mort est naturelle, et le Grand Pan est mort.

Et l'un des derniers dieux, l'un des derniers suprêmes
Ne doit plus se sentir tellement bien lui-même,
Un beau jour on va voir le Christ
Descendre du calvaire en disant dans sa lippe :
"Merde je ne joue plus pour tous ces pauvres types,
J'ai bien peur que le fin du monde soit bien triste."

Ou encore :

Les oiseaux de passage ( d'après un poème de Jean Richepin ) :

Ô vie heureuse des bourgeois, qu'avril bourgeonne,
Ou que décembre gèle, ils sont fiers et contents,
Ce pigeon est aimé trois jour par sa pigeonne,
Ça lui suffit il sait que l'amour n'a qu'un temps.

Ce dindon a toujours béni sa destinée
Et quand vient le moment de mourir il faut voire
Cette jeune oie en pleurs : "C'est là que je suis née,
Je meure près de ma mère et j'ai fait mon devoir."

Elle a fait son devoir, c'est à dire que onques
Elle n'eut de souhait impossible, elle n'eut
Aucun rêve de lune, aucun désir de jonques
L'emportant sans rameurs sur un fleuve inconnu.

Et tous sont ainsi fait, vivre la même vie,
Toujours, pour ces gens là, cela n'est point hideux,
Ce canard n'a qu'un bec, et n'eut jamais envie
Ou de n'en plus avoir, ou bien d'en avoir deux.

Ils n'ont aucun besoin de baisers sur les lèvres,
Et loin des songes vains, loin des soucis cuisants
Possèdent pour tout cœur un viscère sans fièvre,
Un coucou régulier et garanti dix ans.

Ô les gens bienheureux, tout à coup dans l'espace,
Si haut qu'il semble aller lentement, un grand vol
En forme de triangle, arrive plane et passe ;
Où vont-ils qui sont-ils, comme ils sont loin du sol.

Regardez-les passer, eux ce sont les sauvages,
Ils vont où leur désir le veux, par-dessus monts
Et bois et mers et vents, et loin des esclavages.
L'air qu'ils boivent ferait éclater vos poumons.

Regardez-le, avant d'atteindre sa chimère,
Plus d'un, l'aile rompue et du sang plein les yeux
Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère,
Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.

Pour choyer cette femme et nourrir cette mère,
Ils pouvaient devenir volaille comme vous,
Mais ils sont avant tout des fils de la chimère,
Des assoiffés d'azur, des poètes, de fous.

Regardez-les, vieux coq, jeune oie édifiante,
Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux,
Et le peu qui viendra d'eux à vous, c'est leur fiente.
Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.
Piiwhy
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Plume de Plomb
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