Deuil
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Deuil
Comme je commence à prendre du retard par rapport à l'autre stakhanoviste jaune à points noir qui publie comme un malade, voici un autre de mes travaux datant du lycée que j'ai remodelé et amélioré quelque peu.
Deuil
Il est seul, les yeux secs, à côté du caveau,
Son esprit a laissé sur de brumeux rivages
Une forme, un parfum, un rire et un visage
Dont le doux souvenir s’estompera trop tôt.
Dans son dos, le flot lent du troupeau gris et noir
Dérive lentement, à petits pas précieux ;
Les uns vont au bistrot, les autres au prie-dieu,
S’enivrer d’alcool ou de fumées d’encensoir.
Il ne pleure pas, les larmes viendront plus tard,
Mais ses yeux ne suivent plus le vol des corbeaux.
Il cherche la Camarde aux porches des tombeaux,
Dont la forme confuse, emmêlée au brouillard,
Se tient debout au loin, patiente, silencieuse,
Attendant que la foule se soit dispersée
Pour venir, à la nuit, sur la pierre gravée
Poser, pour la bénir, sa longue main osseuse.
Immobile, il regarde de dessous son deuil
La Mort, appuyée sur sa faux, l’air sentencieux,
Et les creux sombres qui furent jadis des yeux
S’adressèrent un long et silencieux clin d’œil.
Il est seul, les yeux secs, à côté du caveau,
Son esprit a laissé sur de brumeux rivages
Une forme, un parfum, un rire et un visage
Dont le doux souvenir s’estompera trop tôt.
Dans son dos, le flot lent du troupeau gris et noir
Dérive lentement, à petits pas précieux ;
Les uns vont au bistrot, les autres au prie-dieu,
S’enivrer d’alcool ou de fumées d’encensoir.
Il ne pleure pas, les larmes viendront plus tard,
Mais ses yeux ne suivent plus le vol des corbeaux.
Il cherche la Camarde aux porches des tombeaux,
Dont la forme confuse, emmêlée au brouillard,
Se tient debout au loin, patiente, silencieuse,
Attendant que la foule se soit dispersée
Pour venir, à la nuit, sur la pierre gravée
Poser, pour la bénir, sa longue main osseuse.
Immobile, il regarde de dessous son deuil
La Mort, appuyée sur sa faux, l’air sentencieux,
Et les creux sombres qui furent jadis des yeux
S’adressèrent un long et silencieux clin d’œil.
Piiwhy- Plume de Plomb
- Messages : 145
Date d'inscription : 08/10/2008
Age : 36
Re: Deuil
Quoi ? pardon? est-ce bien toi le parnassien qui a fait ce poème?
Je me moque beaucoup (comme d'habitude, mais il est très bien)
Je me moque beaucoup (comme d'habitude, mais il est très bien)
Re: Deuil
Beaucoup de vers qui m'ont plu, d'autres qui m'ont semblés moins naturels à lire et enfin, quelques uns que j'ai reconnus à d'autres que toi ^^.
J'ai aimé :
Par contre, ce dernier vers, j'ai du le relire pour saisir qui benissait quoi. Peut être simplement échanger Poser <>Pour la bénir, Ce qui me fait remarquer la répétition de "pour" ^^.
J'ai moins aimé les vers :
Je ne saurai pas trop dire pourquoi, ils semblent moins musicaux.
J'ai aimé :
Son esprit a laissé sur de brumeux rivages
Une forme, un parfum, un rire et un visage
Dont le doux souvenir s’estompera trop tôt.
Il cherche la Camarde aux porches des tombeaux,
Dont la forme confuse, emmêlée au brouillard,
Se tient debout au loin, patiente, silencieuse,
Attendant que la foule se soit dispersée
Pour venir, à la nuit, sur la pierre gravée
Poser, pour la bénir, sa longue main osseuse.
Par contre, ce dernier vers, j'ai du le relire pour saisir qui benissait quoi. Peut être simplement échanger Poser <>Pour la bénir, Ce qui me fait remarquer la répétition de "pour" ^^.
J'ai moins aimé les vers :
S’enivrer d’alcool ou de fumées d’encensoir.
Et les creux sombres qui furent jadis des yeux
S’adressèrent un long et silencieux clin d’œil.
Je ne saurai pas trop dire pourquoi, ils semblent moins musicaux.
Scorp- Parnassien
- Messages : 173
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Deuil
Je remarquais que monsieur le parnassien était drôlement irrégulier dans ce texte... comme quoi on évolue!!!
Re: Deuil
l'irrégularité des vers provient de deux choses : d'une part lieu il s'agit d'un vieux poème qui date d'une époque où je me souciais plus du fait que mes vers fassent bien 12 pieds que de leur musicalité proprement dite ; d'autre part, j'ai choisi délibérément de conserver certaines de ces irrégularité quand j'ai remanié le poème avant de le publier.
A cela deux raisons : je me sens toujours un peu coupable de modifier un texte datant d'une époque lointaine car j'ai peur d'avoir oublié l'humeur dans laquelle je l'ai composé et de perdre un élément qui m'avait auparavant paru essentiel. peur de trahir mon moi passé en quelque sorte.
ensuite, les irrégularité ont un sens vis-à-vis du texte lui-même : elles sont sensées créer un rythme un peu erratique pour symboliser les discours haché de respiration incontrôlables de quelqu'un qui pleure. je contre-balance l'apparente indifférence, la nonchalance du personnage qui ne pleure pas et n'exprime aucun chagrin avec, caché dans le rythme, les sanglots intérieurs qu'il dissimule au reste du monde. l'idée m'est venu de demain dès l'aube de Hugo, qui utilise ce procédé pour faire transparaître les diverses émotions de son personnage tout au long du poème ( tristesse et sanglots, frénésie du départ puis monotonie du voyage, essoufflement + sentiment d'achèvement et de sérénité retrouvée à l'arrivée, etc... ).
ce procédé est notamment très visible dans la quatrième strophe où les sanglots atteignent leur point culminant avec des vers très saccadés, puisque c'est dans cette strophe que la disparition de l'être cher s'impose avec le plus de netteté ( la Mort bénissant la pierre et par ce geste acceptant en son royaume le corps gisant dans la tombe ). de même pour la répétition des trois "de" du premier vers de la dernière strophe.
par ailleurs, j'ai essayé de conserver une sorte d'alternance entre des vers long qui se lisent d'une seule traite et des vers saccadés et hachés, comme pour faire un espèce de schéma en rime croisée avec les deux types de rythmes.
mais tu as encore une fois mis le doigt précisément sur le vers qui me gène le plus : "s'enivrer d'alcool ou de fumées d'encensoir". j'aime l'image et le contraste qu'il offre, mais je n'arrive pas à trouver une formulation élégante, ou du moins plus musicale.
pareil pour les deux derniers vers, même si j aime bien l'ambigüité offerte à la fois par le sens et par la tournure de la phrase
en tout cas merci à vous deux de votre passage, de votre lecture et de vos commentaires
A cela deux raisons : je me sens toujours un peu coupable de modifier un texte datant d'une époque lointaine car j'ai peur d'avoir oublié l'humeur dans laquelle je l'ai composé et de perdre un élément qui m'avait auparavant paru essentiel. peur de trahir mon moi passé en quelque sorte.
ensuite, les irrégularité ont un sens vis-à-vis du texte lui-même : elles sont sensées créer un rythme un peu erratique pour symboliser les discours haché de respiration incontrôlables de quelqu'un qui pleure. je contre-balance l'apparente indifférence, la nonchalance du personnage qui ne pleure pas et n'exprime aucun chagrin avec, caché dans le rythme, les sanglots intérieurs qu'il dissimule au reste du monde. l'idée m'est venu de demain dès l'aube de Hugo, qui utilise ce procédé pour faire transparaître les diverses émotions de son personnage tout au long du poème ( tristesse et sanglots, frénésie du départ puis monotonie du voyage, essoufflement + sentiment d'achèvement et de sérénité retrouvée à l'arrivée, etc... ).
ce procédé est notamment très visible dans la quatrième strophe où les sanglots atteignent leur point culminant avec des vers très saccadés, puisque c'est dans cette strophe que la disparition de l'être cher s'impose avec le plus de netteté ( la Mort bénissant la pierre et par ce geste acceptant en son royaume le corps gisant dans la tombe ). de même pour la répétition des trois "de" du premier vers de la dernière strophe.
par ailleurs, j'ai essayé de conserver une sorte d'alternance entre des vers long qui se lisent d'une seule traite et des vers saccadés et hachés, comme pour faire un espèce de schéma en rime croisée avec les deux types de rythmes.
mais tu as encore une fois mis le doigt précisément sur le vers qui me gène le plus : "s'enivrer d'alcool ou de fumées d'encensoir". j'aime l'image et le contraste qu'il offre, mais je n'arrive pas à trouver une formulation élégante, ou du moins plus musicale.
pareil pour les deux derniers vers, même si j aime bien l'ambigüité offerte à la fois par le sens et par la tournure de la phrase
en tout cas merci à vous deux de votre passage, de votre lecture et de vos commentaires
Piiwhy- Plume de Plomb
- Messages : 145
Date d'inscription : 08/10/2008
Age : 36
Re: Deuil
superbe poème
même s'il date !! déjà , bcp de talent
si seulement tout le monde écrivait aussi bien .
même s'il date !! déjà , bcp de talent
si seulement tout le monde écrivait aussi bien .
maryjo- plumard
- Messages : 7
Date d'inscription : 11/11/2008
Re: Deuil
merci maryjo !
bienvenue sur le forum !
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Piiwhy- Plume de Plomb
- Messages : 145
Date d'inscription : 08/10/2008
Age : 36
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